« Sais-tu que la nuit déteste le jour? » Oui, parce que si on y réfléchit bien, tout le monde a peur de quelque chose, donc… La nuit, elle, elle a peur de quoi? Hein? Si on rassemble toutes les preuves, force est de constater qu’elle n’est jamais là le jour. Donc on en déduit que… Que… Queeee? Bin qu‘elle a peur du jour, pardi! Et sûrement beaucoup des enfants aussi. CQFD, tout ça tout ça. Ca explique que dès qu’on allume la lumière de la chambre, elle disparait (sous le lit, on le sait). Ca explique aussi que la nuit est toujours un peu mal coiffée, à force de se tailler la fourrure toute seule dans le noir. Et ça explique aussi qu’elle ne sort jamais nous saluer en journée et reste planquée dans le tiroir à slips. Bref, la nuit, c’est une grosse froussarde. Poilue. 

En personnifiant la nuit, l’auteur lui attribue des émotions, comme la peur justement. A partir de là, il est possible de s’imaginer que la nuit a peur du jour, des humains, de la lueur d’une bougie d’anniversaire, qu’elle s’ennuie en journée à attendre qu’on aille se coucher, et aussi qu’elle est un peu nulle pour grimper aux arbres. Bref, on dédramatise, on désacralise, on relativise.
C’est avec ce ton décalé et humoristique que l’auteur et surtout l’illustrateur nous dépeignent une nuit un peu gourde, maladroite et donc forcément rigolote. Si on rit, on n’a plus peur… Et puis la nuit aussi a ses propres phobies. Elle est comme nous, quoi! Ca rassure.
Mission accomplie: l’album fonctionne parfaitement bien. Les petites peurs tournées en dérision ne sont vraiment plus si effrayantes. Il s’adresse à tous les enfants mais fera tout particulièrement mouche auprès de ceux qui ont quelques petites difficultés à affronter leurs petites angoisses à l’heure du coucher.